jeudi, décembre 11, 2008

LES FAUX PAS DU NOUVEAU SIÈCLE


 
L’avènement du 21ème siècle a coïncidé avec l’apparition de plusieurs phénomènes à portée très globalisante concernant le devenir du globe. Citons-en les principaux :
-Les changements climatiques et leurs répercussions à travers le globe.
-La nouvelle structuration économique et géopolitique de la planète.
-Les mouvements idéologiques à l’œuvre (défi à la démocratie, aux valeurs occidentales, mise au ban de religions, terrorisme contre la force etc.)
- Crise de l’énergie, crise alimentaire, crise du crédit etc.
Chacun de ces phénomènes a contribué, dans sa sphère d’influence, à redéfinir les conditions de vie des centaines de millions de gens et colorer leur avenir de teintes un peu plus sombres.


Les changements climatiques et leurs répercussions planétaires
Les problèmes climatiques n’ont pas attendu le nouveau siècle pour se manifester. C’est même une constante depuis la création du monde. Toutefois, les observateurs de différents horizons ont constaté une accélération du phénomène au cours de la dernière décennie, battant en brèche la plupart des théories scientifiques sur la question. En effet, que ce soit sur le problème global du réchauffement climatique ou des préoccupations plus parcellaires comme la fonte des glaces polaires, les changements survenus dans les océans et leurs répercussions sur la vie terrestre, marine, la multiplication des ouragans, les gaz à effets de serre etc. les occurrences prévisibles dans un horizon d’un siècle se manifestent, contre toute attente, de plus en plus au présent, générant, par le fait même, un climat d’urgence dès le début de ce siècle. De sorte que toutes les nations sont invitées, le sommet de Kyoto oblige, à structurer leur système d’organisation socio-économique de manière à répondre au défi climatique mondial.

La nouvelle structuration économique et géopolitique de la planète
L’avènement du nouveau siècle est coextensif à l’émergence de nouveaux pôles économiques, notamment de la Chine, de la Corée du Sud, de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud et à la réaffirmation de pôles plus anciens comme l’Union Européenne et la Russie post-soviétique. À cela, il faut ajouter un élément capital : la crise financière qui a déferlé sur le monde dans cette première décennie du siècle.

Dans cette nouvelle structure, même si les Etats-Unis continuent encore d’avoir le rôle prépondérant, ils ne peuvent s’empêcher de constater leur déclin relatif à plusieurs égards dont l’émergence en Asie du pôle de croissance le plus performant. Au moment où ces lignes sont écrites, la réunion du 15 novembre pour la refondation du capitalisme n’a pas lieu encore. On peut déjà prévoir que les Etats-Unis n’auront pas la part aussi belle qu’à Bretton Woods pour dicter leurs volontés et qu’ils devront lâcher du lest par rapport aux autres pôles économiques. Par ailleurs, on note que depuis quelque temps, le vent de la guerre froide a recommencé à souffler entre les Etats-Unis et la Russie en raison du projet d’installation du bouclier anti-missile par les premiers et de l’occupation temporaire de la Géorgie pro-occidentale par la seconde. Difficile de dire, à cette étape, s’il s’agit de rodomontades sans conséquence ou plutôt de prélude à une certaine glaciation des relations internationales.

Les mouvements idéologiques à l’oeuvre
Les chantres du néo-conservatisme aux Etats-Unis ont longtemps entonné un refrain simpliste en ce qui concerne la lutte idéologique sur la planète. Le monde leur paraissait, grosso modo, divisé en deux camps. D’un coté, les bons dont ils font partie avec quelques millions d’autres, surtout des Européens ou des groupes d’origine européenne, et, de l’autre, les mauvais, en l’occurrence, le plus grand nombre éparpillé aux quatre coins de la planète, relevant de l’axe du mal, appartenant à des états-voyous ou à des aires culturelles plus ou moins archaïques. Les premiers sont, dans l’ensemble, judéo-chrétiens, pratiquent la démocratie et la libre entreprise, alors que les autres se réclament de religions non-chrétiennes, de l’islam en grande partie et vivent dans des systèmes politiques autoritaires qui font fi de la liberté et de la libre entreprise. De plus, tandis que les premiers connaissent un haut niveau de développement (économique, social, scientifique, technologique etc.), les seconds viennent très loin en arrière quand ils ne s’enlisent pas tout bonnement dans le sous-développement. Les deux camps développent des rapports largement conflictuels que les premiers mettent au compte d’une certaine jalousie. Ils seraient la cible des peuples sous-développés parce que ces derniers leur envieraient leur richesse et leur avance scientifique et technologique

À partir de cette grille réductionniste, ils font une analyse erronée du contexte idéologique. Ils ne prennent pas en compte quantité d’éléments importants dont la mission qu’ils se donnent de civiliser les autres y compris par la force, la prépondérance de leurs intérêts sur tous les autres en matière d’occupation du territoire, de relations internationales, du commerce etc. sans compter des questions culturelles et philosophiques comme la place de l’homme dans l’univers et dans la communauté et la façon dont les principes de responsabilité et de solidarité se vivent dans cette communauté.

Il résulte de cela que les premiers et surtout aux Etats-Unis sont la cible des terroristes issus de ces populations sans que les attentats fassent l’objet d’une analyse approfondie de leurs motivations. Beaucoup d’énergie et d’argent ont été investis pour faire face à ce problème. Par un effet paradoxal dans le cas d’un pays au faîte des connaissances en sciences humaines, ils se contentent, de manière générale, de rester à la superficie du comportement comme s’ils refusaient d’en connaître les raisons profondes.

Le temps des crises (énergie, aliments, crédit
)

L’instabilité qui s’installe sur la planète à l’arrivée du 21ème siècle s’accompagne de plusieurs crises qui n’ont cessé de se manifester dès la première décennie. La première de ces crises, c’est celle de l’énergie. Bien entendu, ce n’est pas la première fois que cette crise est au rendez-vous. Au début des années 70, c’en était la première grande manifestation après la guerre. À cette époque, le prix du baril du pétrole était un indice du prix de la production ou de sa raréfaction. En 2008, la situation a changé complètement. Si le prix du baril avait continué à être un indice de la production ou de la rareté du produit, il n’y aurait pas eu de crise du pétrole. Il était devenu plutôt un indice du prix sur le marché boursier en raison de la spéculation. Et ce qui aggrave encore la situation, c’est que ce qui se passe

Il n’y a pas de doute, la crise de l’énergie est une période cruciale dans l’évolution de nos sociétés urbanisées, toutefois, la crise alimentaire mondiale constitue un défi dont les enjeux dépassent encore ceux de la crise de l’énergie. Car il s’agit de l’incapacité de plusieurs dizaines de millions de personnes de pouvoir s’alimenter. Même avant la crise alimentaire, des famines sévissaient un peu partout dans les pays pauvres du globe. Ce n’est sûrement pas en triplant le prix du pain et du riz, aliments de base d’une grande partie de la planète, que le problème va se résorber. M. Robert Zoellick président de la Banque mondiale évalue à 100 millions le nombre de personnes à souffrir de la faim à cause de la crise alimentaire. Pourtant, à son avis, il s’agit d’une donnée conservatrice qui risque d’augmenter avec l’approfondissement de la crise.

Finalement, comme si les rouages de l’économie n’étaient pas suffisamment grippés, il faut que la crise du crédit vienne ajouter encore aux difficultés, rendant le financement problématique à tous les échelons de l’architecture économique. On connaît les sort des grandes entreprises financières aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, de même que celui des grandes compagnies comme General Motor, Ford et Chrysler. Actuellement près d’une centaine d’entreprises multinationales à travers le monde font face au spectre de la faillite. Même chez les ONG en activité en très grand nombre dans la plupart des pays sous-développés, le problème n’est pas différent. En effet, quand un ONG comme la Croix-Rouge éprouve des difficultés à se renflouer, on peut raisonnablement penser que beaucoup d’autres, dont les bases sont moins solides, se sont trouvés dans la même situation.

Par conséquent, on convient facilement que tous les signaux importants de ce siècle sont en mode négatif. Espérons seulement que ce siècle se dépêche de déballer ses horreurs pour ne pas avoir à le faire plus tard. La preuve que tous les espoirs ne sont pas perdus, c’est que Obama a remplacé Bush.
Marc-Léo Laroche
11.12.08