Sans vouloir jouer au censeur,
il est parfois difficile de passer à côté de certains travers sans les relever. C’est ce qu’a fait, à sa manière, un fabuliste du XVIIème siècle de
glorieuse mémoire. Il paraît que son
discours a des enseignements
pédagogiques qui se prolongent encore de nos jours.
Des fois, il me prend la fantaisie de lui
susciter mentalement un émule au pays de Toussaint-Louverture. Quel trésor
merveilleux n’aurait-il pas à portée de la vue là où les travers sont à foison!
J’imagine déjà son inventaire de la faune de ces discoureurs impénitents
incapables de traduire leurs propos dans l’action et je me gargarise, pour
commencer, de ses trouvailles avant d’en être pénétré, ultérieurement, de
tristesse.
Au niveau national, je me
délecte déjà de la fable le cheval et
l’âne qui mettrait en scène le
bourgeois magnanime dans ses propos et outrageant dans son comportement à
l’endroit de son chauffeur; également, j’anticipe la terre et la lune qui traduirait le travestissement des rôles à partir d’une fausse représentation de
la réalité sociale. Je pense aussi à la fable Le bœuf et la mouche qui condenserait l’arrogance du ministre
vis-à-vis du petit contribuable qui aurait pris au mot ses propos. Je devine la multitude
des fables qu’il pourrait tirer, comme d’un gisement, de nos mœurs sociales et politiques.
Pourtant, ce n’est pas tant
la situation au niveau national qui préoccupe
aujourd’hui, mais son prolongement au niveau international avec, en toute
première place, les responsables de Association
Z. Cette association a pris naissance dans le sillage du séisme qui a ravagé
Haïti le 12 janvier 2010. Sous le titre Les grands diseurs et les petits faiseurs, quelle fable magistrale ne
pourrait-il pas en tirer! Quand on considère
toute la logistique mise en place par ses promoteurs, les rencontres
internationales qui ont été, par la suite, tenues, le nombre de discours
prononcés, le document volumineux qui en a résulté en termes d’actions
multiformes à entreprendre pour faire face à la reconstruction et la mise sur
rail du pays en vue de son développement, il faut croire que la montagne a
accouché d’une souris. Car près de deux ans après le séisme, Association Z n’a pas trouvé mieux,
entre autres expédients, que des grenailles à distribuer par-ci, par-là dans le
pays. Pire encore, le ravitaillement de ces grenailles n’est même pas assuré!
D’aucuns diront qu’il est peut-être un peu tôt pour porter un jugement
définitif sur les résultats des opérations, mais, à l’heure actuelle, rien ne
permet d’envisager quelque chose de plus positif à moyen terme.
Pour une fois qu’on était
persuadé que nos compatriotes allaient faire mentir le dicton qui les ravale aux
rôles de hâbleurs, on a plutôt la démonstration du contraire. D’autant
plus qu’il ne s’agit pas d’une quelconque association, mais d’un rassemblement
de gens munis de diplômes universitaires et de qui on était en droit d’attendre
autre chose que du vent.
28 nov 2011