La mort de Jean Métellus
Il est rare que la mort de
quelqu’un laisse la même impression à tous ceux qui l’ont connu. Le plus
souvent, les avis, sans être nécessairement divergents, focalisent des
préoccupations différentes selon des
contingences de lieu, de temps et de situations.
La mort de Jean Métellus n’échappe certainement pas à ce constat. Probablement,
en raison du fait que sa vie d’adulte s’est déroulée surtout en Europe, loin de
sa base géographique, ce n’est ni le personnage du neurologue ou du linguiste, ni même
celui du poète ou de l’écrivain qui nous revient d’abord à l’esprit.
Au préalable, il y a une donnée que nous voudrions écarter au sujet de la famille de Jean Métellus. Dans Requiem pour Jean Métellus.Portrait d'un médecin en poète, Joel Desrosiers dit qu'il était l'"aîné d'une famille de quinze enfants". Cette donnée, nous l'avons trouvée dans trois articles différents sans savoir lequel a contaminé les autres. À notre connaissance, à part une fille qui serait morte très jeune, nous n'avons connu de la famille, depuis nos treize ans, que quatre enfants, soit Laure, Jean, Marc et Pierre.
Au préalable, il y a une donnée que nous voudrions écarter au sujet de la famille de Jean Métellus. Dans Requiem pour Jean Métellus.Portrait d'un médecin en poète, Joel Desrosiers dit qu'il était l'"aîné d'une famille de quinze enfants". Cette donnée, nous l'avons trouvée dans trois articles différents sans savoir lequel a contaminé les autres. À notre connaissance, à part une fille qui serait morte très jeune, nous n'avons connu de la famille, depuis nos treize ans, que quatre enfants, soit Laure, Jean, Marc et Pierre.
Quoiqu'il en soit, la nouvelle de la mort de Jean nous a
laissé dans le même état psychologique que celle d’autres amis et connaissances
de la génération des adolescents des années cinquante qui ont quitté les rangs.
Certains, trop tôt comme
Edvard et Joseph Laroche, Lionel Loubeau, Yannick Rigaud, Jean Pierre-Louis
etc. victimes de la grande sauvagerie du pouvoir. D’autres, un plus tard, comme tribut à la nature. En
manière d’exemples, citons Rubert Ferdinand, Max Dominique, Robert Beauduy etc. que nous avons rencontrés dans
le cadre de la J.E.C. Certains mêmes
comme Robert avec qui nous avons fait
des rêves, voire même des projets d’action sociale avant de nous perdre dans le
labyrinthe de la vie.
Pourquoi ces départs
laissent-ils dans leur sillage une vague
impression d’occasions manquées? C’est cette même impression qui émerge à la
mort de Jean Métellus. Bien que ce dernier n’ait pas fait partie de la J.E.C[1],
c’est par le truchement de cette organisation que l’adolescent qu’il était, eut avec nous une rencontre mémorable. Bien entendu, on se connaissait depuis longtemps.
Bien qu’il soit notre aîné de quelques années, nous avons eu l’occasion de
fraterniser lors d’une grève d’étudiants contre la répression policière. Il
n’empêche que notre rencontre la plus significative avec lui survint plus tard après
qu’il eut demandé une rencontre au responsable de la J.E.C que nous étions.
Il faut savoir que sur le
plan intellectuel, Jean avait un rôle de leader dans sa classe, au lycée. Quelquefois, il organisait des rencontres de discussions sur des thèmes sociaux ou politiques préalablement choisis.Muni
d’une grille d’analyse peaufinée à l’intérieur de la gauche sur la situation
sociale haïtienne, il lui manquait un groupe plus ou moins organisé qui pourrait
réfracter les informations qu’il se faisait fort de diffuser à ses condisciples des classes terminales.
C’est à cet égard que la
J.E.C. l’intéressait. Nous formions, à l’époque, l’un des seuls groupes de
jeunes organisés qui ne suscitait pas la méfiance. Bien sûr, il y en avait
d’autres, d’inspiration marxiste ou autre; mais pour être viables, ces derniers
se croyaient obligés d’être clandestins.
C’est dans ce contexte que l'organisation de la J.E.C pouvait faire
des envieux.
Lors de la rencontre de Jean avec
nous ainsi qu’aux autres membres de l’organisation, sa proposition formulée
verbalement se voulait une offre de partenariat, sans trop s’arrêter sur les
conditions et les possibles dimensions
de l’opération. Ne voulant pas le brusquer, nous lui avons fait comprendre que
son offre serait étudiée et qu’éventuellement une décision suivrait.
Nous le soupçonnions à
l’époque, bien entendu, d’appartenance marxiste et nous le voyions insidieusement comme un
cheval de Troie. Nous étions certains que ce qui l’intéressait, c’était moins
un partenariat avec la J.E.C qu’un noyautage complet sur le plan de la
substance quitte à en faire une tribune pour
des analyses critiques sur la situation sociale dans la cité et dans le pays.
Pour autant, nous ne lui
faisions aucunement grief des idées que nous
lui prêtions, Nous partagions, en effet,
beaucoup d’entre elles. Nos réticences se logeaient surtout dans les
moyens logistiques envisagés pour parvenir à ses fins.
Avait-t-il appréhendé notre
désaccord? Il n’était jamais revenu, par la suite, sur sa proposition pas plus
que nous avions décidé de lui opposer notre refus. Il est aussi possible que le
hasard lui ait donné d’autres préoccupations, ayant été, à l’époque, à un moment critique de son évolution comme
étudiant.
C’est donc à cette période de
notre vie d’étudiant que la nouvelle de sa mort nous a ramené, loin du neurologue
ou du linguiste voire même de l’écrivain ou du poète.
20/ 01/14
Marc.L.Laroche
[1] Lors d’une rencontre avec Jean Métellus en
2005 à l’occasion d’un Congrès à Montréal, nous nous amusions de certains souvenirs
jacméliens. Quelle ne fut pas notre surprise quand il nous a convié à considérer
l’époque où il était responsable de la J.E.C alors que ce rôle nous revenait!
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