mardi, avril 17, 2012

UNE RESCAPÉE DU TITANIC

UNE RESCAPÉE du Titanic

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Le Matin

Chez Mme Laroche

Dans une petite demueure de Villejuif, une jeune femme en deuil nous reçut hier. Bloties contre elle, deux fillettes, habillées de noir, elles aussi, lui pressaient les mains. C'était Mme Laroche, rescapée du Titanic et ramenée avant-hier au Havre par le Chicago, avec ses deux fillettes, Louise et Simone, agées de deux et trois ans, rescapées comme elle. Il y a trois semaines, Mme Laroche ses deux fillettes et son mari s'étaient embarqués à Cherbourg, à bord du paquebot géant. Trois seulement sont revenus... Longuement, d'une voix entrecoupée de sanglots, tandis que dans un coin M. Lafargue, son père, pleurait silencieusement, Mme Laroche nous fit hier le récit des heures dramatiques vécues. - Lorsique le choc eut lieu, l'affolement fut terrible... On se bousculait, on s'empressait. "Brusquement, je sentis qu'on m'arrachait des mains ma fille ainée, ma petite Simonne... Je la vis jeter dans une chaloupe suspendue au-dessus de l'abîme. " - Mon enfant, criai-je, mon enfant !... C'est mon enfant qu'on vient de m'enlever!... "Mais au méme instant je me sentis saisie à mon tour... Des mains m'enlevèrent... On me précipita dans le vide... Je me retrouvai dans la chaloupe, auprès de ma petite

Le Matin 3 May 1912

Simone... Là-bas, sur le pont, au milieu de la cohue,j'aperçus mon mari qui, de ses deux bras tendus au-desses de la foule, tenait notre plus jeune fillette, qu'il s'efforçait de protéger contre la poussée... Il se débattait contre les marins, à qui il montrait la fillette et à qui il s'efforçait de faire comprendre qu'on m'en avait séparée, moi, la mère... Enfin quelqu'un saisit des mains de mon mari notre petite Louise, qui fut bientôt dans mes bras... Et la chaloupe descendit définitivement vers la mer... J'eus à peine le temps de jeter à mon mari un suprême adieu. J'entendis sa voix qui, dominant la rumeuer, ma criait : " - A bientôt, ma cherie!... Il y aura de la place pour tout le monde, va, dans les embarcations... Veille sur nos fillettes... A bientôt! " Puis la chaloupe s'éloigna ... Un marin, le seul homme qui fût avec nous et une dame anglaise maniaient les rames. " Enfin le jour vint. " Mais c'est en vain que nous cherchions à l'horizon la silhouette du Titanic. " Je pensai à ce moment que c'était parce que nous en étions considérablement élongnés. J'ignorais l'effroyable vérité n'ayant pu assister, du fond de l'embarcation, à l'engloutissement du paquebot géant. Des heures, longues comme des siècles, s'écoulèrent encore. Enfin à sept heures du matin, le Carpathia apparut. De toutes les embarcations une remeur s'éleva. On comprenait maintenant que la déliverance était proche. Bientôt, en effet, nous étions à bord du navire sept cents et quelques rescapés du Titanic. " Bien rares étainent ceux qui, parmi ces rascapés, n'avainent point lassé qui un père, qui un frère, qui un mari à bord du Titanic. Quand nous demandions des nouvelles aux officers du Carpathia, on nous répondait : " - Ne vous inquiétez pas ... D'autres navires que le nôtre se sont rendus autour du Titanic, et font en ce moment route vers New-York, où vous vous retrouverez tous. " Ainsi jusqu'au bout la vérité nous fut cachée. Ce n'est qu'en arrivant à New-York que nous la sûmes toute entière, dans son effroyable réalité.

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